Et si la vie voulait s’exprimer à travers nous ?

Rêve d’âme et Travail qui relie : quand l’élan intérieur devient chemin de reliance

Il y a des phrases qui vous saisissent sans prévenir.
Elles glissent dans un interstice, comme une lumière qui filtre entre deux volets, et soudain tout s’éclaire autrement.
Des phrases qu’on n’a pas besoin de comprendre entièrement pour sentir qu’elles touchent quelque chose d’essentiel.

Lors d’un atelier du Travail qui relie, animé par Géraldine Siméon, j’ai entendu l’une de ces phrases. Je ne suis même pas certaine de la formulation exacte. Peut-être venait-elle directement de Joanna Macy, à l’origine de cette approche profondément transformatrice.
La voici telle que je l’ai reçue :
« Sentir ce que la vie veut exprimer à travers nous. »

Ces mots ont vibré en moi. Comme une reconnaissance.
Comme si une part silencieuse de moi-même se redressait et murmurait :
C’est cela. C’est exactement cela.
Ce que j’ai toujours senti.
Ce que je tente de mettre en mots depuis des années.
Ce que j’accompagne aujourd’hui sous le nom de rêve d’âme.

Il ne s’agit pas de réussir.
Ni de devenir quelqu’un d’autre.
Il s’agit d’écouter ce qui veut naître à travers nous.
De reconnaître que notre place n’est pas à fabriquer ou à mériter, mais à sentir, à cultiver, à habiter.
Et que cette place n’est pas seulement un confort personnel — elle est un service rendu au vivant.

Cette soirée a ouvert pour moi un nouvel espace de résonance entre deux chemins qui me sont chers :
– le Travail qui relie, né du croisement entre écologie, spiritualité, action citoyenne et profonde humanité,
– et le chemin du rêve d’âme, tel que je l’explore et le propose : une reconnexion à ce qui nous anime en profondeur, loin des injonctions, des performances, des rôles imposés.

Dans cet article, j’aimerais tisser un lien entre ces deux approches.
Suivre la spirale du Travail qui relie comme on suit un fil de laine chaud dans l’hiver du doute,
et montrer comment, à chaque étape, elle vient éclairer ce que j’appelle le rêve d’âme.

Parce que nous sommes nombreuses et nombreux aujourd’hui à ressentir que le monde a besoin de changement.
Pas seulement extérieur. Pas seulement politique ou climatique.
Un changement de place. De posture. De vibration.

Nous sentons qu’il est urgent que chacun puisse trouver sa juste place.
Non pas au sens d’un “job idéal”, mais d’un espace où il ou elle peut incarner ce qui cherche à se dire à travers lui, à travers elle.
Nous sentons que cela apporterait plus de paix. Plus de joie. Plus de reliance.

Et si, plutôt que de chercher une mission, nous écoutions un murmure ?
Et si ce murmure, c’était la vie elle-même qui cherchait à s’exprimer à travers nous ?

🌿 1. S’ancrer dans la gratitude : honorer les différentes versions de soi

La première étape de la spirale du Travail qui relie, c’est la gratitude.
Et si, dans un monde marqué par l’incertitude et les crises, cela peut sembler contre-intuitif, cette ouverture par la gratitude prend tout son sens.
Elle ne nie pas la souffrance, elle la précède.
Elle crée un espace de sécurité intérieure, une base solide depuis laquelle on peut ensuite accueillir ce qui fait mal, sans s’effondrer.

Lors de l’atelier avec Géraldine Siméon, nous avons été invité·es à un exercice simple et bouleversant :
offrir de la gratitude aux différentes versions de nous-mêmes.

À l’enfant que nous avons été.
À l’adolescente, au jeune adulte, à la femme que nous sommes devenue.
À celles que nous avons été dans des périodes de transition, de choix, d’erreurs, de recommencements.

Chacune de ces versions avait fait de son mieux, avec les ressources du moment.
Chacune portait une part du rêve.
Chacune a gardé vivant, parfois dans le silence ou la confusion, un fil d’élan profond.

Ce geste intérieur m’a profondément émue.
Je ne prends pas souvent le temps de me remercier.
Je suis plus prompte à douter, à vouloir comprendre ou corriger.
Mais là, quelque chose en moi s’est détendu.
J’ai senti une forme de réconciliation douce. Une paix.

Et surtout, j’ai vu avec plus de clarté :
mon rêve d’âme n’est pas une idée récente.
Il est là depuis longtemps.
Présent dans mes premières indignations.
Dans mes jeux, mes lectures, mes colères.
Dans ma fascination pour ce qui fait sens, pour ce qui rassemble.

Je me suis souvenue de mes années à accompagner des personnes en recherche d’emploi,
et de ma frustration de ne pas pouvoir les aider à s’épanouir vraiment,
car ce n’était pas l’objectif du système.

Je me suis souvenue de mes tâtonnements d’indépendante,
de mes projets, de mes pauses, de mes virages.

Et j’ai pu dire merci.
À celle que j’étais, et qui a tenu bon.
À celle qui, même dans le doute, continuait d’avancer.
À celle qui ne savait pas encore parler de « rêve d’âme », mais qui l’écoutait déjà à sa manière.

La gratitude, ici, est une reconnaissance du vivant.
Un geste d’amour envers soi-même.
Un moment pour voir tout ce qui, en nous, a déjà œuvré pour la vie.

Et peut-être qu’en toi aussi, il y a des parts oubliées, mises de côté, qui n’attendent qu’un merci pour se remettre à briller.
Peut-être que ton rêve n’est pas à chercher, mais à reconnaître.
Dans tout ce que tu as déjà été.
Et dans tout ce que tu portes encore.

Dans l’approche du rêve d’âme, cette reconnaissance est précieuse. Elle nous rappelle que notre histoire n’est pas un obstacle à dépasser, mais un sol fertile. Chaque version de nous, même hésitante ou blessée, a tissé un fil. Et ce fil peut aujourd’hui nous guider vers ce que la vie cherche à exprimer à travers nous.

💔 2. Honorer notre douleur pour le monde : quand l’âme n’a plus d’espace

La deuxième phase du Travail qui relie nous invite à regarder la douleur en face.
Pas pour nous y perdre, ni pour nous accabler.
Mais pour sortir du déni. Pour entendre ce que cette douleur essaie de dire.
Et, peut-être, pour y entendre déjà un appel à la transformation.

Dans l’atelier, j’ai été saisie par cette étape.
Et une tristesse profonde est remontée. Une forme de chagrin ancien.
Celui que je ressens à chaque fois que je vois une personne renoncer à sa lumière.
Quand, après des années de formation, ou malgré un talent évident, elle finit dans un « travail alimentaire ».
Pas par choix.
Par contrainte. Ou par peur. Ou parce que « c’est comme ça ».
Un emploi qui occupe, épuise, use. Qui nourrit à peine…
Et surtout, qui ne nourrit pas l’âme.

Cette douleur-là, je la porte depuis longtemps.
Je l’ai sentie dans les couloirs de Pôle Emploi.
Je l’ai vue dans les yeux de personnes pleines d’idées, de rêves, de ressources…
Et que l’on poussait vers un poste “raisonnable”, “rapide”, “acceptable”.
Pas vers ce qui les ferait vibrer.
Vers ce qui les ferait rentrer dans les cases.

Et moi aussi, à l’époque, je participais à ce système.
Pas par malveillance.
Parce que c’était le cadre. Parce que c’était ce qu’on me demandait.

Mais à l’intérieur, je me débattais.
Je sentais que ce n’était pas juste.
Qu’on passait à côté de quelque chose de précieux.
Que ce monde-là produisait de la résignation… et une forme de mort lente.

Cette douleur est encore là.
Et en même temps, je la remercie.
Car c’est elle qui a affûté mon discernement.
C’est elle qui m’a poussée à chercher une autre voie.
À créer des espaces où l’on peut à nouveau s’écouter. Se reconnecter.
Faire de la place à ce qui nous rend vivants.

Parce que l’âme, elle aussi, a besoin d’un lieu où respirer.

Dans cette douleur, j’entends un appel : celui de réinventer notre rapport au travail, non plus comme une obligation extérieure, mais comme une expression intérieure. Le rêve d’âme, ici, n’est pas un luxe. Il est une réponse vivante à ce qui, en nous, souffre de ne pas pouvoir se dire.

🌱 3. Changer de regard : et si nous habitions un autre monde ?

Dans la spirale du Travail qui relie, après avoir honoré notre douleur, vient un basculement subtil :
celui du changement de regard.
On ne reste pas figé dans le constat.
On s’autorise à imaginer.
À rêver, non pas comme une fuite, mais comme une boussole.
À voir le monde, non tel qu’il est, mais tel qu’il pourrait devenir… si cette douleur n’existait plus.

Dans l’atelier, Géraldine nous a proposé une expérience très concrète :
nous projeter en 2040, dans un monde où cette douleur aurait été entendue, transformée.
Et quelque chose s’est ouvert.

J’ai vu un monde plus simple.
Un monde où les gens ne s’excusent plus de ce qu’ils sont.
Où chacun peut vivre ce qui le fait vibrer, sans avoir à se justifier.
Un monde où le mot « travail » n’est plus synonyme de labeur ou de survie, mais d’expression, de contribution, de joie.

J’ai vu des espaces partagés, intergénérationnels, où l’on échange autant des compétences que des élans.
Des collectifs où les parcours ne sont pas linéaires, mais respectés dans leur singularité.
Des enfants qui grandissent avec la conscience que leur place ne se mérite pas, elle se révèle.
Et des adultes qui ne s’éteignent plus à petit feu, mais qui continuent d’apprendre, d’oser, de s’épanouir.

J’ai vu des femmes et des hommes qui ont choisi de ne plus sacrifier leur âme pour un salaire.
Et qui, parce qu’ils sont à leur juste place, créent autour d’eux des cercles de paix, de beauté, de transformation.

Et tu sais quoi ?
Ce monde-là n’était pas utopique.
Il était doux. Vivant. Crédible.

Il ne s’agit pas de nier les défis.
Mais de ne plus laisser nos douleurs piloter seuls l’avenir.
Et de réhabiliter notre capacité à rêver le réel.
Pas à l’idéaliser. À l’orienter.

Travail-qui-relie

Imaginer ce monde, c’est déjà s’y engager. Et c’est exactement cela que propose le rêve d’âme : écouter ce qui, en nous, pressent un autre possible. Il ne s’agit pas de tout changer, mais de commencer par soi. Là où l’élan se lève. Là où ça vibre.

🚶‍♀️ 4. Aller de l’avant : poser un premier pas dans la direction de ce qui nous appelle

La quatrième et dernière étape de la spirale du Travail qui relie est un retour au mouvement.
Après la gratitude, la douleur, et le changement de regard, vient le moment de l’engagement.
Pas un bouleversement radical.
Pas un projet fini, emballé, prêt à l’emploi.
Un premier pas.
Un geste sincère. Un mouvement vers ce que l’on pressent juste.

Lors de l’atelier, chacune d’entre nous était invitée à nommer une action concrète qu’elle s’engageait à poser dans les jours suivants.
J’ai dit : « Je vais écrire un post pour partager ce que j’ai vécu ce soir. »

Et très vite, j’ai senti que ce ne serait pas seulement un post.
Quelque chose s’est réactivé en moi.
Un fil ancien, mais toujours vivant.

J’ai découvert le Travail qui relie il y a environ dix ans, lors d’une conférence avec Gauthier Chapelle.
Ce moment a été un basculement intérieur.
Par la suite, j’ai vécu un week-end en immersion dans la nature, puis j’ai suivi un accompagnement sur plusieurs mois, autour de ce qu’on appelait alors la transition intérieure.
Ces expériences ont profondément nourri ma réflexion, mon lien au vivant, et mon rapport au monde.
J’ai même envisagé à l’époque de me former à cette approche, tellement elle résonnait pour moi.

La vie m’a conduite ailleurs… mais le fil n’a jamais été rompu.

Et ce soir-là, à travers la spirale, ce fil s’est réanimé.
L’envie de partager, de transmettre, d’honorer ce que j’avais vécu.
L’envie aussi de faire le lien entre cette démarche et ce que j’appelle, depuis quelques mois, le rêve d’âme.

Alors j’ai écrit.
Parce que pour moi, écrire, c’est poser un acte de reliance.
C’est traduire en mots ce qui vibre à l’intérieur.
C’est un pas vers les autres, et vers soi.

Un premier pas modeste.
Mais profondément aligné avec ce que la vie cherche à exprimer à travers moi.

C’est exactement cela que j’observe aussi dans le chemin du rêve d’âme : il ne s’agit pas de tout chambouler, ni de savoir d’avance où cela mènera. Le rêve d’âme commence souvent par un frémissement, un soupir, un tout petit pas… mais ce pas, quand il est juste, ouvre des possibles insoupçonnés. Il suffit parfois d’un geste sincère pour que le fil se tende, et que la vie commence à se dire à travers nous

Ce que la spirale révèle du rêve d’âme

En traversant ces quatre étapes — gratitude, douleur, imagination, engagement — j’ai senti à quel point la spirale du Travail qui relie est plus qu’un processus :
c’est une écoute.
Une écoute profonde, vivante, sensible, de ce qui veut se dire en nous et à travers nous.

Et c’est exactement ce que j’appelle, aujourd’hui, le rêve d’âme.

Non pas une mission écrite quelque part à découvrir.
Pas un idéal à atteindre.
Mais un mouvement intérieur, souvent discret, parfois flou…
qui nous met en lien avec ce que la vie cherche à exprimer à travers nous.

Ce rêve d’âme s’appuie sur ce que nous avons vécu.
Il reconnaît nos douleurs comme des passages.
Il s’alimente de nos rêves d’un monde plus vivant.
Et il se manifeste dans nos gestes les plus simples, quand ils sont habités de sens.

Il ne demande pas des réponses toutes faites.
Il demande d’oser écouter.
De faire de la place au murmure sous le mental.
Et de poser, un jour, un premier petit pas.

Peut-être que pour toi aussi, ce pas pourrait être d’écrire, de dire, de créer, de ralentir, de rêver à nouveau.
Peut-être qu’il s’agit simplement de reconnaître que quelque chose en toi cherche à se dire.
Et que c’est précieux.

Parce que le monde n’a pas besoin de plus de rôles.
Il a besoin de plus de présence.
De plus d’âmes reliées à ce qui les fait vibrer.

Alors, je t’invite à cette question, simple et vaste à la fois :
Et toi… que cherche la vie à exprimer à travers toi ?

📌 Pour aller plus loin

Si cette spirale t’a touchée, si cette notion de rêve d’âme résonne en toi, voici quelques pistes inspirantes à explorer :

🔗 Géraldine Siméon – Facilitatrice du Travail qui relie, créatrice d’espaces sensibles autour de l’écopsychologie :
👉 biophilia.fr

🎥 Gauthier Chapelle – Biologiste et cofondateur de Biomimicry Europa. Sa conférence « De la nature à nous-mêmes » est un bijou de lucidité et d’espoir :
👉 Voir la vidéo

📚 Joanna Macy – À l’origine du Travail qui relie, elle signe un ouvrage essentiel pour traverser les bouleversements du monde sans perdre l’élan de vivre :
👉 L’espérance en mouvement
Disponible ici (lien affilié)

Les clés de la créativité vivante – Un article pour explorer comment la créativité peut devenir un chemin d’écoute intérieure et de transformation :
👉 Lire l’article

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Références

Citation : « Créez parce que vous devez créer. Tournez-vous vers ce qui vient de l’intérieur de vous-même.« 

Citation : « La créativité, ce n’est pas une formule magique. C’est un processus, pas un événement. »

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Corinne Spielewoy

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