Nous avons toutes et tous connu ces moments où une émotion surgit avec une telle intensité qu’elle semble nous emporter. Une parole, une situation, un imprévu… et voilà que la tristesse, la colère, ou une tension profonde prennent toute la place.
Pendant longtemps, j’ai su, en théorie, que “s’observer” était une bonne chose. Pourtant, je ne savais pas vraiment comment faire. Et encore moins dans la tempête. Aujourd’hui, je peux dire que cette capacité s’est installée peu à peu, avec le temps, les outils, l’écriture, les essais, les détours.
Et si c’était là, justement, le vrai point de bascule ?
Apprendre à s’observer, non pas pour tout contrôler, plutôt pour commencer à se reconnaître dans ses propres élans.
Observer ses émotions : ce que ça change
Ce regard intérieur, il ne s’est pas installé du jour au lendemain. Il m’a fallu du temps. Beaucoup de temps.
Quand une émotion m’emporte — colère, tristesse, honte ou même joie explosive — j’ai l’impression d’être happée. Ça va vite, trop vite. Comme si une partie de moi filait à toute allure, sans même me demander mon avis.
Dans ces moments-là, ralentir demande un vrai courage. C’est inconfortable. C’est comme si je devais tirer doucement sur les rênes d’un cheval lancé au galop.
Et pourtant… c’est là que l’observation devient précieuse. C’est là qu’elle ouvre une petite brèche.
Pas une pause spectaculaire. Juste un souffle.
Une fraction de seconde pendant laquelle je me vois en train de réagir.
Une étincelle de conscience qui me permet de sentir : “OK, là je suis en train de m’emballer. Qu’est-ce que je peux faire de ça ?”
Ce n’est pas magique. Ce n’est pas toujours fluide. Ce qui est certain, c’est que cette ouverture change quelque chose. Et c’est là que commence, pour moi, un vrai espace de liberté.
Observer dans la douleur… et dans la joie
On pense souvent à s’observer quand quelque chose nous dérange. Quand une situation nous fait mal, réveille une blessure, ou déclenche une réaction excessive.
J’ai appris à m’observer aussi dans les moments joyeux.
Qu’est-ce qui me fait vibrer ?
Qu’est-ce qui me nourrit profondément ?
Quels gestes, quelles relations, quelles expériences me redonnent de l’élan ?
L’observation n’est pas un outil de contrôle. C’est une façon d’être présente à ce que je vis, sans tout rationaliser. C’est aussi une manière de sentir plus finement ce qui est bon pour moi.
Récemment, j’ai partagé un petit moment vécu dans le Bois de Païolive. Il y avait un passage un peu délicat, glissant. Et j’ai spontanément tendu la main à une personne pour l’aider à descendre.
Ce geste m’a marquée. Il m’a parlé de moi, de la manière dont j’accompagne.
Tendre la main quand l’autre hésite, pour qu’il ou elle puisse avancer.
Ce n’était rien d’extraordinaire, et pourtant… en me l’autorisant, j’ai vu plus clairement ce qui me met en joie. Ce qui m’anime profondément.
L’observation, parfois, c’est aussi ça : se voir dans un geste, et s’y reconnaître.
Ce qui m’a aidée à apprendre à m’observer : la régulation émotionnelle TIPI
Un tournant a été la découverte de TIPI, une méthode de régulation émotionnelle que j’ai apprise et utilisée intensivement à partir de 2017.
TIPI m’a aidée de deux façons :
– d’abord en m’invitant à reconnaître très concrètement mes réactions émotionnelles dans l’instant ;
– ensuite en me demandant de revenir en mémoire sur des situations vécues, pour aller retrouver ce moment précis où quelque chose avait “dérapé” en moi.
Cela m’a obligée à affiner mon attention. À repérer ce qui me met en tension. À ne pas passer à autre chose trop vite.
Et avec le temps, j’ai vu naître une forme de réflexe : “Tiens, ça réagit fort là… Est-ce que je peux juste sentir ce qui se passe, maintenant, sans le fuir ?”

Une pratique simple d’observation : écrire ce qui donne ou prend de l’énergie
Cela fait des années que j’écris.
Longtemps, je le faisais le matin, selon la proposition de Julia Cameron dans Libérez votre créativité. Ces pages du matin m’ont accompagnée pendant des cycles entiers.
Depuis environ un an, j’ai déplacé ce rituel au soir, juste avant de m’endormir. C’est un autre rythme, une autre lumière. Et c’est dans ce cadre-là que j’ai découvert, récemment, une proposition qui m’a marquée :
noter ce qui m’a donné de l’énergie dans la journée… et ce qui m’en a pris.
Alors j’ai commencé à l’intégrer dans mon journal, avec un code couleur tout simple :
une couleur pour ce qui m’a nourrie, ce qui m’a portée, donné de l’élan ;
une autre pour ce qui m’a vidée, ce qui m’a ralentie, fatiguée ;
et une troisième pour ce qui est resté neutre ou tiède.
Cela m’aide à mieux me comprendre, à repérer ce qui, parfois, me coûte sans que je m’en rende compte.
Je ne cherche pas à tout analyser. Juste à sentir ce que ça révèle, et à rester en lien avec ce qui me met naturellement dans un état de gratitude.
Parfois, je me pose des questions très simples :
👉 Qu’est-ce que ça dit de moi ?
👉 Pourquoi est-ce que je continue à nourrir cela ?
👉 Qu’est-ce qui m’aiderait à en faire autre chose ?
Variante pour le matin : écrire ce qu’on a envie de créer
Il y a un pendant à cela, que j’ai découvert auprès de DaniAiles : écrire le matin, avant que la journée ne commence.
La question est simple :
Si ma journée était une toile blanche, une page vide… qu’est-ce que j’ai envie d’y peindre ? d’y écrire ?
Pas pour faire une to-do list. Plutôt pour poser une intention, une saveur, une envie.
Ce que je retiens : observer pour ne pas se perdre dans l’émotion
Les émotions ne sont pas des ennemies. Elles sont des messagères, parfois bruyantes, parfois subtiles.
Le danger, c’est quand elles prennent toute la place. Quand elles décident à notre place.
S’observer, ce n’est pas chercher à devenir lisse ou toujours “sous contrôle”.
C’est apprendre à vivre ce que l’on traverse… sans s’y dissoudre.
C’est aussi reconnaître que derrière chaque réaction, il y a une histoire, un besoin, une part de nous qui demande à être entendue.
Et toi…
dans quel moment de ta vie aurais-tu besoin d’un peu plus d’observation pour ne pas perdre les rênes ?
Pourquoi poser un cadre peut libérer ta créativité