Faut-il vraiment avoir un objectif ? Quand l’élan intérieur ouvre un autre chemin

Objectif ou élan intérieur – choisir sa voie
Saturée par les objectifs SMART et les KPI ? Découvrez comment transformer l’obsession de la performance en repères alignés sur votre élan intérieur et votre rêve d’âme.

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Quand les objectifs gouvernent nos vies

Dans le monde professionnel, l’objectif est devenu roi.
Les grandes entreprises s’appuient sur des batteries de KPI pour mesurer la performance. Les associations et même les secteurs sociaux ou de santé se plient aux indicateurs SMART. Derrière chaque projet, derrière chaque action, il y a un chiffre à atteindre, une case à cocher, une courbe à faire grimper.

Cette logique structure, rassure, permet de se repérer. Elle pousse à l’efficacité et à la productivité. Elle peut aussi enfermer, étouffer, vider de son sens l’élan premier qui avait donné naissance à un métier ou à une vocation. Ce langage des objectifs, devenu omniprésent, a fini par s’imposer comme une évidence.

Quand le développement personnel reprend la même logique

L’obsession de l’objectif ne s’arrête pas aux portes des entreprises. Elle a envahi aussi l’univers du développement personnel.
Ici, les KPI se transforment en injonctions plus séduisantes : “deviens la meilleure version de toi-même”, “trouve ta mission de vie”, “réalise ton plein potentiel”. Sur le papier, ces invitations paraissent inspirantes. Pourtant, elles cachent souvent le même mécanisme : la course vers un idéal à atteindre, sous peine de ne jamais être assez.

Ce vocabulaire fait miroiter la liberté alors qu’il impose en réalité un nouvel objectif : se perfectionner en permanence, ne jamais se contenter de ce qui est. Derrière l’apparence de profondeur, la pression reste la même. Les mots changent, la mécanique demeure.

Alors, qu’il s’agisse d’un chiffre à atteindre dans une entreprise ou d’une mission grandiose à accomplir dans un parcours spirituel, la question reste entière : avançons-nous vraiment à partir de ce qui nous anime, ou suivons-nous des objectifs dictés par d’autres, habillés autrement ?

Mon rapport aux objectifs avant l’expérimentation

Avant même de tester une vie sans objectif, j’avais connu l’autre extrême. J’ai souvent aimé avoir des objectifs et les suivre. Ils me donnaient de l’énergie, de la structure, une direction claire. Pourtant, avec le temps, j’ai aussi observé leurs limites : la rigidité qu’ils pouvaient installer, la sensation que tout devait entrer dans une case prédéfinie.

Quand j’ai quitté la Suisse pour changer d’horizon et revenir en France, j’ai senti que c’était l’occasion idéale pour expérimenter un autre rapport à l’objectif. Cette transition ouvrait un espace neuf. J’ai choisi de m’accorder la liberté de voir ce qui se passerait si je laissais mes journées s’organiser sans plan figé, simplement guidée par mon désir d’avancer et ma curiosité.

Explorer sa vie sans objectif défini

Explorer la vie sans objectif défini

Depuis 2021, cette expérience m’accompagne, avec ses différentes phases.

Phase 1 – La réaction

Au départ, ce fut une réaction presque allergique. Après des années à entendre parler de KPI et de résultats à atteindre, j’ai eu besoin de dire stop. Mon choix relevait autant de la lassitude que de la curiosité. Et si c’était possible de fonctionner autrement ? J’ai alors pris le parti de me lever le matin, de venir à mon bureau, de regarder les rendez-vous du jour, et de voir simplement ce qui allait émerger.

Phase 2 – La dispersion

Très vite pourtant, cette liberté totale a montré ses limites. Quand rien n’est formulé, on peut facilement se laisser détourner par les objectifs des autres, perdre de vue ses propres priorités. J’ai connu ces moments de dispersion, où je ne retrouvais plus le fil de ce qui m’importait vraiment.

Phase 3 – L’espace fertile

Puis est venu un troisième temps. Libérée des objectifs imposés, je suis entrée dans un espace intérieur plus fécond. Là, j’ai pu clarifier ce qui me motive profondément et imaginer la forme que je voulais lui donner. C’est dans ce terreau qu’a émergé Capt’Rêve. L’absence d’objectifs extérieurs a ouvert une vacuité créatrice, un espace d’exploration où mon rêve d’âme a trouvé à s’incarner.

Ce que la science dit des objectifs

La psychologie a largement étudié ce phénomène. La Goal Setting Theory de Locke & Latham 1 montre que le simple fait de se fixer une cible précise oriente l’attention, mobilise l’énergie et augmente la persévérance. Le cerveau fonctionne comme un radar : lorsqu’une direction est définie, il sélectionne inconsciemment ce qui peut servir à l’atteindre et écarte ce qui semble secondaire.

Les neurosciences confirment ce processus. Quand un objectif est formulé, le cerveau libère de la dopamine. Cette molécule agit comme un messager de la motivation : elle rend les opportunités liées à l’objectif plus visibles, plus attrayantes. C’est ce qui donne souvent l’impression que “tout se met en place” une fois qu’une direction claire est posée.

Les biais cognitifs à l’œuvre

Se fixer des objectifs déclenche plusieurs mécanismes bien connus en psychologie cognitive :

  • L’effet Zeigarnik : une tâche inachevée reste présente à l’esprit, ce qui pousse à la terminer.

  • L’illusion de progression : le simple fait d’avoir un objectif donne le sentiment d’avancer, ce qui entretient la motivation.

  • Le biais de cadrage : l’objectif défini agit comme des œillères, concentrant l’attention sur certaines options et invisibilisant d’autres possibles.

Ces mécanismes expliquent pourquoi un objectif, même minimal, peut être un moteur puissant. Ils montrent aussi les risques : quand le cadre est trop serré, on finit par ne plus voir les chemins alternatifs, même s’ils sont plus féconds.

Entre émancipation et contrôle

Dans les années 1950, le management par objectifs s’est imposé comme un pilier des organisations. Depuis, les KPI et les tableaux de bord ne servent pas seulement à mesurer : ils orientent en permanence les comportements. Cette logique déplace la responsabilité sur l’individu : si les résultats ne sont pas atteints, c’est à lui de faire plus, de s’optimiser, de s’adapter.

Les économistes comportementaux parlent ici de nudge, un “coup de pouce” qui influence subtilement les choix sans contrainte directe. Par exemple, placer les fruits à hauteur des yeux dans une cantine augmente la probabilité qu’on en prenne, sans interdire les desserts. Fixer un objectif agit de la même manière à l’intérieur de nous : une fois la cible posée, nos actions s’orientent dans cette direction, souvent sans que nous en ayons conscience.

Cette force peut servir des causes utiles (santé, écologie) et peut aussi être instrumentalisée dans des logiques de productivité ou de marketing. Même le développement personnel n’y échappe pas : derrière l’invitation à “réussir sa mission de vie” se cache une logique très proche des KPI.

Ainsi, l’objectif peut être un moteur d’émancipation ou un instrument de contrôle. Tout dépend de son origine et de son intention. Placé au service d’un rêve d’âme, il devient un repère vivant qui aide à orienter son énergie. Placé au service d’une logique extérieure, il se transforme en contrainte qui détourne de soi.

Quand l’objectif vient de l’ego ou de l’âme

Ce n’est pas l’objectif en soi qui crée la tension, c’est la place qu’il occupe et l’origine de son énergie.

L’objectif né de l’ego porte souvent les marques de l’impatience : “il faut que je réussisse”, “je dois prouver”, “je dois y arriver coûte que coûte”. Il génère une crispation intérieure, comme une course contre la montre. Il nourrit l’illusion qu’il suffirait d’atteindre cette cible pour être enfin reconnu, aimé ou tranquille. Or, une fois atteint, l’ego trouve aussitôt une nouvelle cible à poursuivre. La tension devient permanente.

L’objectif aligné, lui, naît d’un élan plus profond. Il s’enracine dans ce que j’appelle le rêve d’âme : une vibration intérieure qui relie à ce qui nous fait vraiment sens, au-delà des apparences. L’objectif aligné n’est pas une case à cocher, c’est un fil conducteur. Il invite à avancer avec sérénité, dans la confiance que chaque pas compte, même s’il ne suit pas toujours la ligne droite prévue.

Dans mon propre chemin, j’ai vu la différence entre les deux. Quand un objectif part de l’ego, il me laisse tendue et épuisée. Quand il vient de mon rêve d’âme, il me relie à une force tranquille, à une foi que tout est en train de se mettre en place. Ce n’est pas une fuite de la réalité, c’est un autre rapport à elle : une façon d’avancer avec moins de dureté et plus de cohérence intérieure.

Quand l’élan devient repère

Se laisser guider uniquement par un élan créatif peut donner l’impression d’être porté par une vague enthousiasmante. Cette intensité est précieuse, et elle peut aussi disperser. L’objectif aligné joue alors un rôle différent : il devient un repère, pas un carcan. Il traduit l’élan profond en direction claire, sans enfermer la vie dans une liste d’indicateurs.

Si l’on souhaite contribuer au monde à plus grande échelle, l’élan doit pouvoir se transformer en formes visibles. Cela peut passer par des projets concrets, des rendez-vous réguliers, des rencontres organisées. Ce n’est pas céder à la logique des KPI, c’est donner une incarnation à ce qui vibre à l’intérieur.



Conclusion – L’objectif comme résonance vivante

Et si l’objectif n’était pas seulement un chiffre ou une contrainte, qu’il était aussi une résonance à suivre ?

Il ne s’agit pas de rejeter le chiffre : il peut être un indicateur précieux. Aujourd’hui, je travaille mes tableaux de bord pour voir ce qu’il faudrait en termes de chiffre d’affaires ou de personnes contactées, afin que mon rêve puisse perdurer et se déployer. Le chiffre devient alors un outil, pas une finalité.

La question n’est donc pas d’opposer le concret et l’élan, plutôt comment les faire dialoguer. L’élan intérieur donne la direction, les indicateurs extérieurs servent de repères. Quand les deux s’accordent, l’objectif cesse d’être une cage : il devient une boussole vivante.

Alors, peut-être que la vraie invitation au lieu de “fixe-toi un objectif”, serait “écoute la résonance qui t’appelle, et transforme-la en repère pour avancer”.



  1. Goal Setting Theory – Locke & Latham



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