C’est un week-end d’automne, un de ceux où le temps ralentit et où les souvenirs remontent à la surface.
Je suis chez une amie de plus de cinquante ans — une de ces amitiés qui traversent les âges, les déménagements, les mues, sans jamais se perdre.
Elle a ce sourire malicieux quand elle me tend une petite pile de papiers jaunis :
“Regarde ce que j’ai retrouvé…”
Des lettres. Les miennes.
Écrites à seize, dix-sept ans.
Des mots envoyés d’un autre temps, d’une autre Corinne — ou peut-être… de la même.
Je les prends, un peu fébrile.
Le cœur qui bat, entre curiosité et pudeur.
Et dès les premières lignes, je ris. Vraiment.
“J’ai envie de t’écrire, alors devine ce que je vais faire ? T’écrire évidemment ! Et cela bien que j’aie trois interros à préparer pour demain.”
Une autre lettre qui commence par :
“Je ne sais pas encore ce que je vais te raconter comme bêtise, mais comme je t’ai dit que j’écrirais, et qu’en plus j’en ai envie… me voilà !”
Cette légèreté me touche autant qu’elle m’amuse.
Il y a là une liberté que j’avais presque oubliée — celle d’écrire juste pour le plaisir de relier, sans enjeu, sans performance.
Et puis, au fil des pages, la profondeur s’invite.
Je lis la jeune fille que j’étais comme on découvre un vieux journal de bord.
Déjà, elle parle d’amitié vraie, de besoin de lien, d’écoute, d’idéal.
Elle cherche le sens, interroge la société, veut être utile, créer, comprendre.
Et soudain, entre deux réflexions sur la guerre, le bonheur ou l’école, une phrase surgit :
“La vie est un point d’interrogation.”
Je m’arrête.
Cette phrase, je l’avais oubliée.
Et pourtant… c’est elle qui me résume le mieux.
Depuis toujours, j’interroge, je cherche, je tisse du sens.
Pas pour trouver une réponse unique, mais pour garder vivante la question.
À seize ans, j’écrivais déjà :
“Je me cherche, je me construis… c’est merveilleux.
JE SUIS, c’est là le principal. Et je le sens, et c’est tellement bon de se sentir vibrer.”
Je parlais déjà de joie, d’élan, de transformation.
Je me décrivais comme une chenille qui devient papillon.
Je voulais que tout le monde puisse ressentir ce bonheur simple d’exister pleinement.
Et je découvrais, sans le savoir, ce qui allait devenir le cœur de ma vie : accompagner d’autres à sentir cela, à redevenir vivants, vibrants, reliés à ce qui les anime profondément.
Relire ces lettres, c’est comme retrouver un fil d’or tendu à travers le temps.
Un fil que j’ai parfois lâché, sans jamais le rompre.
Et c’est bouleversant de constater à quel point tout était déjà là.
Les mots, la quête, la joie d’être, la foi en la création, l’appel du vrai.
Tu sais, on croit souvent qu’on change, qu’on devient quelqu’un d’autre en grandissant.
En réalité, on revient.
On revient vers soi.
Vers ce centre tranquille et vibrant qu’on avait toujours su reconnaître.
“La vie est un point d’interrogation.”
À seize ans, je l’écrivais sans mesurer sa portée.
Aujourd’hui, je comprends que c’est peut-être la plus belle des vérités.
La vie n’est pas une équation à résoudre, ni une ligne droite à suivre.
Elle est une question vivante, mouvante, à laquelle on répond chaque jour autrement.
Et c’est cette question, plus que les réponses, qui nous garde vivants.
Accepter de ne pas savoir.
Continuer à s’émerveiller.
Laisser la curiosité être notre boussole.
C’est cela, je crois, être pleinement humain·e.
Alors aujourd’hui, j’ai envie de te poser cette question :
Et toi, que dirait ton toi de seize ans si tu relisais ses mots ?
Qu’est-ce qu’il savait déjà de toi que tu as peut-être oublié ?
Et si tu lui écrivais à nouveau — juste pour renouer le fil ?
Parce qu’au fond, la vie n’est pas une réponse.
Elle est une conversation ininterrompue entre ce que nous étions, ce que nous sommes et ce que nous devenons.
Et tant que la question reste vivante,
tant que le point d’interrogation danse,
alors la vie continue de nous traverser.
Invitation
Si ces mots résonnent pour toi, si tu sens l’envie de retrouver cette vibration intérieure — celle qui t’anime depuis toujours —
je t’invite à participer à la prochaine soirée L’Élan-Vie.
Un espace offert pour revenir à ce qui est vivant en toi, et redonner souffle à ton propre point d’interrogation.


